L'histoire de l'eau
L'histoire du service de l'eau en France

Hausmann et le tournant du XIXème siècle 

Bien avant les découvertes de Pasteur, nombre de scientifiques soupçonnaient la mauvaise qualité des eaux d'être à l'origine de grandes épidémies. Ainsi, 20000 parisiens meurent du choléra en 1832.

    En 1850, la distribution d'eau à domicile à Paris est encore inexistante et dans les grandes villes jusqu'en 1880. Des fontaines publiques à poussoir apparaissent à cette date, ainsi que des robinets d'eau dans certaines cours d'immeubles.

    En 1854, le Baron Haussmann, préfet de la Seine, se prononce pour le recours à des eaux de sources captées à des dizaines de kilomètres de Paris : la ville manque d'eau, Hausmann se montre très dubitatif quant à la fiabilité de l'eau de la Seine (qui constitue alors la principale source d'alimentation en eau) et les techniques de traitement des eaux de surface ne donnent pas encore vraiment satisfaction. Surtout, on part à l'époque du principe que les eaux souterraines sont, par définition, d'une pureté irréprochable. Avec l'aide de l'ingénieur Belgrand, Hausmann recherche des sources souterraines, parfois lointaines. C'est le signal de départ des grands travaux de dérivation de la Dhuis (1865), de la Vanne (1875), de l'Avre (1898), etc, la conquête de nouvelles ressources souterraines étant régulièrement rendue indispensable par le développement de la population parisienne et des activités humaines (industrielles, notamment). Ce recours aux ressources souterraines devient le dogme français jusqu'à la fin du siècle et les premières villes françaises qui se dotent de réseaux d'adduction d'eau s'approvisionnent en eaux "de sources".

    Parallèlement, Haussmann et Belgrand modernisent les réseaux d'eau de Paris, afin de permettre les dessertes particulières. L'assainissement des eaux usées est également une préoccupation importante d'Haussmann et Belgrand : les réseaux d'égouts sont développés et les travaux de Belgrand permettent d'évacuer les eaux sales des parisiens dans la Seine, loin des points de captage d'eau, au nord-ouest de Paris. Face aux protestations des riverains situés en aval, on créa des champs d'épandage qui permirent de filtrer ces eaux sales.

    Mais la mise en œuvre de systèmes d'adduction d'eau est très coûteuse et pas forcément à la portée de toutes les communes. Les pouvoirs publics de l'époque décident donc d'instituer le système des concessions à des sociétés privées. C'est à cette époque que naît l'industrie française de l'eau, différentes sociétés privées étant créées pour développer la distribution d'eau sur le territoire : la Compagnie Générale des Eaux en 1853, la Société Lyonnaise des Eaux et de l'Eclairage en 1880.
 
    Cet essor des réseaux de distribution d'eau et d'assainissement va de pair avec la montée en puissance des politiques d'hygiène du pays et, par voie de conséquence, avec une amélioration sensible de la santé publique.

    A la fin du XIXème siècle, la capitale est toutefois de nouveau confrontée au manque d'eau, phénomène qui touche une bonne part des grandes agglomérations françaises. Tant et si bien qu'en 1896, le conseil municipal de Paris décide d'utiliser, en appoint des eaux souterraines, de l'eau de surface filtrée lorsque cela est nécessaire.

    L'histoire du traitement de l'eau potable va dès lors s'accélérer, sous l'effet conjugué des besoins de plus en plus importants et, surtout, des progrès de la bactériologie.

 

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