L'histoire de l'eau
L'histoire du service de l'eau en France

La "révolution pasteurienne" et le développement des traitements de potabilisation

En 1881, Pasteur découvre les microbes. Sa célèbre phrase "Nous buvons 90% de nos maladies" ouvre une ère nouvelle dans l'approche de l'alimentation en eau potable. Les avancées de la bactériologie constituent donc un élément clef dans la définition de l'eau potable. Non seulement, à partir de cette date, on choisit les ressources en eau en fonction de la présence ou non de bactéries pathogènes mais, dès la fin du XIXème siècle, on comprend qu'une eau fraîche, limpide, sans saveur ni odeur n'est pas nécessairement synonyme d'eau potable. Le principe de l'eau souterraine pure par définition commence donc à être battu en brèche. En l'absence de traitements totalement fiables, la seule vraie garantie d'élimination des microbes réside dans l'ébullition de l'eau, et ce jusqu'au développement des traitements de désinfection, au début du XXème siècle.
 
    La corrélation entre eau de mauvaise qualité, contaminée par les microbes, et épidémies est donc confirmée. Reste désormais à améliorer les procédés de traitement.
 

A l'origine, la filtration

    Jusqu'à l'apparition des techniques de désinfection chimique de l'eau, au XXème siècle, les seuls traitements disponibles s'appuyaient sur des principes physiques de filtration, connus en fait depuis l'Antiquité.

    Le premier véritable exemple connu de filtration en France remonte à 1745, avec les filtres Amy, du nom de leur inventeur, dont la tentative de commercialisation domestique tourna court.

    Quantité de matériaux organiques et minéraux vont être testés avant que soient sélectionnés le sable et le charbon, qui sont encore aujourd'hui à la base des techniques modernes de filtration.

    Dans la première partie du XIXème siècle, Paris va équiper ses fontaines publiques de filtres : ce sont les "fontaines filtrantes". Il faudra toutefois attendre la fin du siècle pour que les filtres utilisés éliminent les microbes, grâce aux travaux de l'Institut Pasteur dans ce domaine.

    Le développement des concessions de distribution d'eau va, d'une part, mettre fin au système des fontaines publiques et des porteurs d'eau, du fait du développement de l'adduction à domicile et, d'autre part, stimuler la mise en œuvre de filtrations communales à grande échelle (à Marseille, Lyon et Toulouse, par exemple). Paris se dote de grosses unités de filtration lente à la fin du XIXème siècle, avec les usines de Saint-Maur et d'Ivry.

    Ces systèmes de filtration lente sur sable à grande échelle vont permettre d'améliorer sensiblement la qualité de l'eau distribuée. Ils vont d'ailleurs être complétés et améliorés par l'ajout de nouvelles étapes : la décantation (qui permet de laisser "déposer" une partie des matières indésirables") et la coagulation (ajout de réactif permettant de mieux "regrouper" ces mêmes matières pour les éliminer).

    Mais, ces seuls traitements physiques n'éliminent pas toutes les bactéries, même si les épidémies reculent déjà.
 

L'avènement de la désinfection chimique

    L'histoire des traitements de désinfection chimique de l'eau commence au début du XXème siècle. Ces derniers ne se généraliseront que lentement : il faudra non seulement apprendre à en maîtriser les techniques mais, fait non négligeable, vaincre les réticences de populations au départ peu confiantes à l'égard d'une eau traitée chimiquement.

    Comme pour la filtration, de nombreux produits seront essayés (acides, permanganates, iode, UV...) avant que le choix des professionnels de l'eau ne se porte sur deux oxydants : l'ozone et le chlore.

    La première usine d'ozonation est installée en Hollande en 1893. Le procédé est développé en France par M. Otto et plusieurs villes adoptent ce système au tout début du siècle : Nice, Chartres, Lille... L'ozone est un désinfectant puissant qui présente de surcroît l'avantage de ne provoquer ni coloration, ni odeur, ni saveur, ni résidu. Par contre il n'est efficace que sur une eau déjà bien clarifiée, c'est un procédé cher et nécessitant une main d'œuvre très qualifiée. Ces quelques handicaps font que c'est finalement le traitement au chlore, retenu par Paris en 1911, qui s'impose.

    Le chlore, qui est également un oxydant puissant, est alors moins coûteux et d'un emploi plus simple que l'ozone. Son effet est en outre plus durable. Son emploi se généralise (Reims, Lyon, Saint-Malo) surtout après la Première Guerre Mondiale, au cours de laquelle est mis au point un procédé (la "verdunisation") permettant de réduire largement les doses de réactif, pour un moindre coût et un bénéfice gustatif évident. Aujourd'hui, 99% des unités de désinfection s'appuient sur le chlore.

 

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