L'histoire de l'eau
L'histoire du service de l'eau en France
A
l'origine, la filtration
Jusqu'à
l'apparition des techniques de désinfection chimique de l'eau, au
XXème siècle, les seuls traitements disponibles s'appuyaient
sur des principes physiques de filtration, connus en fait depuis l'Antiquité.
Le premier
véritable exemple connu de filtration en France remonte à
1745, avec les filtres Amy, du nom de leur inventeur, dont la tentative
de commercialisation domestique tourna court.
Quantité
de matériaux organiques et minéraux vont être testés
avant que soient sélectionnés le sable et le charbon, qui
sont encore aujourd'hui à la base des techniques modernes de filtration.
Dans la
première partie du XIXème siècle, Paris va équiper
ses fontaines publiques de filtres : ce sont les "fontaines filtrantes".
Il faudra toutefois attendre la fin du siècle pour que les filtres
utilisés éliminent les microbes, grâce aux travaux
de l'Institut Pasteur dans ce domaine.
Le développement
des concessions de distribution d'eau va, d'une part, mettre fin au système
des fontaines publiques et des porteurs d'eau, du fait du développement
de l'adduction à domicile et, d'autre part, stimuler la mise en
œuvre de filtrations communales à grande échelle (à
Marseille, Lyon et Toulouse, par exemple). Paris se dote de grosses unités
de filtration lente à la fin du XIXème siècle, avec
les usines de Saint-Maur et d'Ivry.
Ces systèmes
de filtration lente sur sable à grande échelle vont permettre
d'améliorer sensiblement la qualité de l'eau distribuée.
Ils vont d'ailleurs être complétés et améliorés
par l'ajout de nouvelles étapes : la décantation (qui permet
de laisser "déposer" une partie des matières indésirables")
et la coagulation (ajout de réactif permettant de mieux "regrouper"
ces mêmes matières pour les éliminer).
Mais, ces
seuls traitements physiques n'éliminent pas toutes les bactéries,
même si les épidémies reculent déjà.
L'avènement
de la désinfection chimique
L'histoire
des traitements de désinfection chimique de l'eau commence au début
du XXème siècle. Ces derniers ne se généraliseront
que lentement : il faudra non seulement apprendre à en maîtriser
les techniques mais, fait non négligeable, vaincre les réticences
de populations au départ peu confiantes à l'égard
d'une eau traitée chimiquement.
Comme pour
la filtration, de nombreux produits seront essayés (acides, permanganates,
iode, UV...) avant que le choix des professionnels de l'eau ne se porte
sur deux oxydants : l'ozone et le chlore.
La première
usine d'ozonation est installée en Hollande en 1893. Le procédé
est développé en France par M. Otto et plusieurs villes adoptent
ce système au tout début du siècle : Nice, Chartres,
Lille... L'ozone est un désinfectant puissant qui présente
de surcroît l'avantage de ne provoquer ni coloration, ni odeur, ni
saveur, ni résidu. Par contre il n'est efficace que sur une eau
déjà bien clarifiée, c'est un procédé
cher et nécessitant une main d'œuvre très qualifiée.
Ces quelques handicaps font que c'est finalement le traitement au chlore,
retenu par Paris en 1911, qui s'impose.
Le chlore,
qui est également un oxydant puissant, est alors moins coûteux
et d'un emploi plus simple que l'ozone. Son effet est en outre plus durable.
Son emploi se généralise (Reims, Lyon, Saint-Malo) surtout
après la Première Guerre Mondiale, au cours de laquelle est
mis au point un procédé (la "verdunisation") permettant de
réduire largement les doses de réactif, pour un moindre coût
et un bénéfice gustatif évident. Aujourd'hui, 99%
des unités de désinfection s'appuient sur le chlore.
La corrélation
entre eau de mauvaise qualité, contaminée par les microbes,
et épidémies est donc confirmée. Reste désormais
à améliorer les procédés de traitement.